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L’appel des 60 pour un avenir de l’édition vidéo physique


L’ “Appel des 50” devient officiellement l’ “Appel des 60” avec le ralliement d’éditeurs aussi engagés sur le support physique que Arte Éditions, Le Pacte, Éditions Montparnasse, Citel mais aussi Program Store, Survivance, Lionheart et d’autres encore.

L’appel envoyé jeudi dernier, réunissant un très large panel d’éditeurs vidéo qui exprime l’inquiétude de la filière, a rencontré un écho très fort au sein de la profession et des publics, tout aussi préoccupés de la menace qui pèse sur un métier garant de qualité, d’éditorialisation, de diversité, d’accès durable aux œuvres.

À l’heure où le gouvernement vient de renouveler son soutien à la filière du livre, qui aura bénéficié de 230 millions d’euros d’aide en 2020, renouvelant ainsi son attachement à l’édition physique, majoritaire dans le livre, tout le reste de la culture ne doit pas être oublié, toute la filière cinéma, et notamment l’édition vidéo qui doit continuer à être soutenue de façon pérenne pour l’accompagner face à ses nombreux défis présents et futurs.

L’“Appel des 50” suscite déjà de nombreux témoignages, tels :

THIERRY FRÉMAUX, délégué général Festival de Cannes, directeur général Institut Lumière, Festival Lumière :

« Je suis fou de DVDs, je pense que la collection est mieux que la dématérialisation, et avec moins de problèmes techniques ! Les éditeurs défendent la nécessité de maintenir le DVD comme objet précieux, ils ont raison. On n’osera jamais dire qu’il faut cesser d’acheter des livres au profit des tablettes mais on s’enivre de modernité technologique dès qu’il s’agit de cinéma. Il faut que chacun prenne ses responsabilités patrimoniales, là où il est. C’est valable aussi en politique ! »

BERTRAND MANDICO, cinéaste (Les Garçons sauvages) :

« Je ne conçois pas l’idée de ne pas revoir un film que j’ai aimé, je ne conçois pas l’idée de ne pas avoir physiquement un film que j’aime, quand je dis physiquement, je veux parler de l’objet, du DVD/Blu-ray, coffret…
Les films qui comptent, doivent pouvoir être placés dans une bibliothèque, au même titre qu’un livre.
Pour notre mémoire, par respect pour les oeuvres, ils doivent pouvoir être exposés, prêtés, offerts, volés même… L’objet est vital à l’écosystème du cinéma.
Les éditeurs/ distributeurs sont les garants de cette survie.
Ils ont, au fil des années, affiné et transcendé l’art d’éditer, de choisir un film, de le mettre en boîte et en disque.
Sans les éditeurs, le cinéma ne serait plus qu’un flux sans saveur, une nourriture liquéfiée, sans menu, sans couverts, ni assiettes.
Les supports physiques sont les parfaits réceptacles du cinéma et après la salle (obscure), les ultimes objets du désir. »

TCHEKY KARYO, comédien :

« Pourquoi ne pas soutenir un secteur qui entretient la transmission d’oeuvres cinématographiques qu’on ne trouve pas ailleurs et qui donne aux oeuvres contemporaines une exposition différente.
Quel bonheur de pouvoir transmettre à sa filiation, à sa descendance, de l’Histoire, de la Culture, sur des supports sensuels qui souvent rivalisent de créativité, plutôt que des codes et des liens virtuels sans âme voués à se désintégrer dans un “cloud”.
On est à la recherche d’une connexion physique, vitale et non virtuelle qui, si on s’appuie sur les chiffres, raconte le désir de millions de gens de toucher, de sentir avec le corps.
Dans un monde physique vital et non virtuel, ce désir peut aussi être viral. »

SÉBASTIEN BETBEDER, cinéaste (Deux automnes, trois hivers) :

« Je tiens à témoigner de mon soutien au travail admirable fait par les éditeurs vidéo avec qui j’ai pu collaborer.
C’est grâce à leur travail éditorial riche et généreux que j’ai pu faire mieux connaître mes films et leur donner une nouvelle existence, après la salle.
Il est indispensable de ne pas les oublier dans cette période compliquée et de leur apporter les garanties dont ils ont besoin. »

NICOLAS BOUKHRIEF, cinéaste (La Confession) :

« Dans le travail de réalisation de films, mais aussi de transmission des films du patrimoine qui constitue ma vie (notamment à travers l’ouvrage écrit avec mon épouse “100 grands films pour les petits” destiné à éduquer le jeune public), le support physique est une pièce essentielle.

– Parce que le support physique illustre la mémoire du cinéma bien plus que la dématérialisation et ses dangers.
– Parce que le support physique est un objet qui peut s’offrir ou se prêter et faire qu’un beau film, un classique, un film culte, restent ainsi des cadeaux. Précieux, rares et différenciés.
– Parce que le support physique permet la collection et donc la sauvegarde des films sur des supports qui ne soient pas que numériques.
– Parce que le support physique est une façon démocratique de mettre les films sur le marché, égalitaires et disponibles à tous, en évitant la privatisation des oeuvres qui accompagne parfois les plateformes. Ou les algorithmes qui les composent et hiérarchisent les films en fonction de la demande, au risque d’en faire disparaître certains.
– Parce que le support physique reste une excellente façon de contrer le piratage.

C’est pourquoi il me parait indispensable de préserver ce mode de préservation et de transmission des oeuvres que nous tournons et/ou conseillons, tout comme en son temps il était indispensable de préserver les supports pellicules. Tout ce qui permettra aux films de survivre et échapper à l’oubli, sur différents supports, doit être pris en considération et maintenu. »

Publié le : 12 juin @ 16h20